L'histoire du voleur d'enfants

13/05/2014 06:55

Dans une petite région de France, personne n'a jamais oublié et n'oubliera
jamais ce qui est arrivé un soir d'hiver.
La région est de moins en moins
fréquentée. Les enfants habitant dans cette région sont de plus en plus nombreux à être porté disparus.
La gendarmerie de l'époque n'avait découvert aucun
indice. Ces enfants étaient des garçons, des filles. Ils ont subitement disparu
durant leur sommeil, la fenêtre ouverte, sans aucune empreinte.La
gendarmerie cherchait sans relâche, en vain.Mais moi... moi je connais
l'auteur de tout ça. Tout le monde pense qu'il est mort aujourd'hui. Moi aussi
j'avais un enfant, un garçon que j'aimais autant qu'un père aurait aimé son fils.
Ma version des faits m'a valu un séjour à l'asile... Les membres de ma
famille ne me voient plus, me prenant pour un fou.
J'écris ceci afin de vous
mettre en garde: Surveillez vos enfants. Je vais vous raconter ce qui s'est passé...
Un jour d'hiver, alors que les doux flocons tombaient lentement sur le sol, mon ami arriva.
J'ai été tellement bourré de médocs que j'ai oublié son nom. Appelons-le Charles.Charles sonna à la porte. Mon
épouse alla lui ouvrir. Ensuite il fit la bise à mon épouse, comme d'habitude,
et moi je lui serrai la main.
Mon épouse et moi l'avons invité à entrer dans
notre salle à manger. Mes deux jeunes fils étaient là, en train de jouer avec
leurs traditionnelles petites voitures.
Le plus jeune n'était âgé que de 2
ans. Il s'appelait Lucas.Le plus âgé
lui s'appelait Mathéo et était âgé de 6 ans.
Lorsque Charles, inconnu aux yeux des deux jeunes garçons, entra,
les enfants cessèrent subitement de jouer. Je fis les présentations de mes fils
à mon ami et de mon ami à mes fils.
Ensuite le reste de l'après-midi s'écoula
doucement, sous les rires et nos discussions ainsi que celles de nos deux jeunes évidemment.
Il était 23h45... Oui je me souviens parfaitement de l'heure...
Faut dire que je n'oublierai jamais cette journée...
Charles était d'une humeur étrange. Il n'était
pas comme d'habitude. Alors qu'il s'apprêtait à partir, la radio nous mit au
courant d'un accident sur l'autoroute. Le bus qu'il devait prendre avait foncé
droit sur un camion rempli d'un gaz hautement inflammable et bien évidemment, il y a eu explosion.
Ayant compris que je n'avais pas le choix, je me suis
lancé:
- Reste avec nous, nous avons un lit pour les invités. Tu partiras
demain quand tout sera réglé.
Charles ne se fit pas attendre. Il referma la
porte, et retira son manteau. Mon épouse et moi nous étions mis à lire chacun
notre livre pendant que notre invité regardait la télévision. Les films qu'il
regardait étaient pour la plupart malsains, mais mon épouse et moi avions pris
ça pour quelque chose de normal.
Charles se leva, puis nous regarda:
- Je
vais me coucher. Je devrais partir tôt demain.
- D'accord, répondis-je,
laisse-moi t'accompagner à ta chambre.
- Pas la peine, je connais le chemin ! dit-il avec un grand sourire.
À noter que j'ai trouvé ça bizarre car
c'était la première fois qu'il venait chez nous. Comment pouvait-il connaître les lieux?
Il monta tranquillement les escaliers pendant que nous, ne nous
rendant compte de rien, continuions à lire.
J'entendais des mouvements à
l'étage et quand j'écoutais dans le baby-phone, j'entendais des gémissements.
"Mathéo doit encore
bouger dans son lit, prisonnier dans un cauchemar comme presque tous les soirs",
me suis-je dit, vu qu'ils dormaient tous les deux dans la même chambre.

Il faut dire que Mathéo m'avait raconté ses
mauvais rêves. Ils sont presque toujours identiques, presque tous les soirs. Il
voyait une forme sombre se diriger lentement vers lui, le prendre et après il se
réveillait en pleurs ! Il avait toujours la sensation bizarre que quelqu'un
l'observait... J'aurais dû y prêter attention... Si seulement...
Je posai mon livre et montai à l'étage.
Je suis passé devant la porte de la chambre de
l'invité, et c'est là que des inquiétudes se sont mises en place: le lit de Charles était vide.
Je m'avançai dans le couloir sombre de l'étage de ma
maison et arrivai enfin jusqu'à la porte des deux garçons. J'ouvris la porte et
ce que j'y vis me glaça le sang: Charles
était en train d'empoigner Mathéo qui,
avec une main sur sa bouche, se débattait furieusement à ma vue.
- Charles.... Que fais-tu ?
Il ne répondit
pas. Ses yeux étaient cachés dans le noir. Je pouvais juste voir ses lèvres
former un sourire malsain.
Je voyais mon fils remuer... Il avait l'air de souffrir.
- CHARLES, LÂCHE-LE
IMMÉDIATEMENT, hurlai-je.
Cette fois-ci, Charles répondit:
- Ton enfant sera mien. 
Fuis, avant que je me fâche, 
Ton enfant ne sera plus tiens. 
Fuis, comme un lâche. 
Ayant compris qu'il s'apprêtait à kidnapper Mathéo je
fonçai droit sur lui quand soudain, mes membres refusèrent de bouger... Je
sentis d'un coup une vive douleur à tous mes membres. La douleur était
insupportable. Je hurlais, hurlais à un point où mon épouse s'apprêtait à
appeler la police, quand finalement elle pensa que ce n'était que moi qui
m'étais encore une fois pris le petit orteil sur la table de leur
chambre.
- Je t'en... prie... Charles... laisse... le..., arrivai-je à articuler.
Charles ne répondit pas. Il sourit, approcha la main qui
maintenait Mathéo sur la tête de celui-ci
et lui murmura une sombre comptine que je ne pus entendre.
Soudain, les yeux
se vidèrent d'expression, il cessa de gémir. Charles retira la main de sa bouche.
Mathéo, toujours avec l'expression aussi vide, se leva hors de son lit.
Je vis les yeux rouges sang de Charles, avec un sourire atroce.
Le pauvre
Mathéo, toujours en pyjama, me regardait
avec ses yeux vides et récita un poème qui était semblable à celui de
Charles:
- Je serai sien. 
Laisse-moi partir dans le monde du mal. 
Je ne serai plus tien. 
Laisse-moi partir, ou il me fera mal... 
J'ai reconnu sa voix, mais elle n'avait rien du petit
garçon qui jouait avec son frère tout à l'heure. Elle était elle aussi nue
d'expression et monotone.
Charles s'approcha de moi, si près que je pouvais sentir son haleine, puis
murmura:
- J'en prendrai grand soin, 
Maintenant qu'il n'est plus tien. 
Il acheva sa phrase avec un sombre sourire et accompagna
Mathéo à la fenêtre où il le prit dans
ses bras et sauta dans les arbres. Lorsqu'il quitta la maison, mes membres
retrouvèrent la vie et je courus vers la fenêtre.
Je ne vis plus aucune trace d'eux.
J'ai pleuré en silence la perte d'un de mes enfants...

 Heureusement
qu'il n'avait pas pris Lucas...
Je pris tendrement le jeune garçon dans mes bras et le berçai...
J'ai trouvé ensuite un message dans son berceau:
"Un enfant ça ne tient pas longtemps... Plus tard, je viendrai chercher le second enfant."

Cette phrase me fit frissonner de terreur. Depuis ce
jour, je me suis juré de le protéger au péril de ma vie.
Ma femme ne m'a pas cru. Me voyant bercer Lucas et ayant remarqué la disparition de Mathéo, elle
m'a pris pour un pédophile qui faisait équipe avec Charles (qu'elle avait déjà trouvé suspect
durant toute la soirée) pour enlever ses deux enfants. Elle appela la police qui
m'interrogea et malgré le fait que je disais la vérité, ils ne m'ont pas cru.
Ils se sont tout de suite mis à chercher Charles, qui restait introuvable. Les policiers
ont, au début, décidé de me mettre la perpétuité pour ne pas avoir avoué
l'endroit où était l'enfant. Mais après avoir vu un psychologue et raconté mon
histoire une énième fois, ils ont jugé bon de m'emmener à l'asile...

Je n'ai plus de famille maintenant... Plus personne sur qui compter, à part VOUS
cher lecteurs... Que devient mon pauvre Mathéo maintenant ? Est-il bien nourri ? A-t-il
peur ? Quels supplices Charles lui
fait-il subir ?

Tant de question sans réponses...
Je ne peux vivre avec
ceci dans ma mémoire. J'ai entendu dans un de mes cauchemars l'affreuse comptine
que Charles a chantée à Mathéo. Je l'ai notée pour vous mettre en
garde, votre famille et votre entourage. J'espère ne plus jamais
l'entendre....

- C'est tout ?
- Oui, répondit
l'inspecteur. Il s'est suicidé après avoir terminé ce journal. Pendu.
-
Autres choses ?
- Oui. Dans ses poches, nous avons trouvé une feuille
ensanglantée. Il y est écrit quelque chose d'étrange. Je préfère vous le faire
lire.
Le chef de police prit la feuille dans ses mains et se mit à
lire:
"Doux
petit garçon, viens, viens avec moi. 
Doux
petit garçon, n'aie point peur. 
Doux
petit garçon, je prendrais soin de toi. 
Doux petit garçon,
comme tes précédents frères et sœurs. 
Laisse ton
petit cœur, 
Pompant doucement ton sang, 
Te guider vers tes peurs, 
Avec le voleur
d'enfants."