Le Knirps

13/05/2014 01:27

Le Knirps est quelque chose que peu de gens
connaissent, parce qu'il sévit assez discrètement. Il tient son nom des premiers
qui ont eu affaire à lui, des allemands de la forêt noire qui ont fini par
disparaître sans laisser de trace. La police a commencé à s'intéresser à
l'affaire après quelques disparitions et pensait traquer un enfant farceur, ou
dans le pire des cas psychopathe, à cause de ce que rapportaient les
témoignages. Mais après quelques mois, les investigations ont brusquement cessé,
et toutes les informations à propos du Knirps ont disparu de la circulation.
Quelques personnes dont des membres de la famille sont portés disparus à cause
de lui continuent de réclamer justice, d'autres qui ont été un peu plus proche
des disparus au moment des faits tiennent des discours un peu étranges. Seuls un
petit nombre de témoignages a pu être rassemblé par ceux qui ne veulent pas
lâcher l'affaire, en voici quelques uns (pour respecter l'anonymat de ces
personnes, les noms ont été changés):

 
« Je ne me sens pas en sécurité
quand je descends dans les sous-sols. Je connais deux personnes qui ont été
enlevées par le Knirps. Ça ne dure jamais bien longtemps, dés lors qu'on l'a vu,
on le recroise quelques fois en perdant petit à petit la raison, et du jour au
lendemain, on n'est plus là. Je pense qu'il nous emmène en Enfer, c'est un démon
qui prend l'apparence d'un enfant aux yeux jaunes. » - Patricia, 42
ans, amie de deux personnes enlevées en 1989 et 1994.


 
« Il est venu dans son manteau tout
noir, la première fois je lui ai fait peur avec de la lumière alors il est
parti. Après il me disait souvent qu'il voulait jouer avec moi la prochaine fois
qu'on se verrait, il me le disait dans ma tête, parce qu'il peut parler même
quand il est pas là. Un soir il est revenu et il voulait faire cache-cache, on a
joué toute la soirée ! Mais ma maman elle est rentrée et quand elle m'a vu dans
la cave, elle m'a demandé ce que je faisais, alors je lui ai dit que je jouais
avec mon ami. Elle a pas compris et a voulu me faire remonter, mais quand je lui
ai dit que je voulais pas laisser le Knirps tout seul, elle a eu peur et m'a
fait remonter tout de suite, et elle a fermé la porte, et elle m'a dit que
c'était un méchant qui enlevait les gens et que je ne devais plus jouer avec
lui. Le soir, il m'a demandé pourquoi je l'avais laissé tout seul et m'a dit
qu'il était triste, je lui ai dit que ma maman voulait plus qu'on se voit, alors
il m'a dit qu'il viendrait en cachette dans la cave et qu'il m'attendrait pour
me montrer un nouveau jeu. Je sais pas si je peux y aller parce que je veux pas
que ma maman soit en colère. » - April, 8 ans,
portée disparue depuis décembre 2006.


 
« Le Knirps me poursuit, c'est déjà
la troisième fois que je le vois ! On dit qu'il emmène les gens sous terre et
qu'on ne les revoit jamais. J'ai peur de descendre dans ma cave tout seul, c'est
là qu'il était la dernière fois, il m'a fixé pendant quelques secondes avec ses
yeux jaunes, puis il a couru vers moi comme un hystérique et s'est enfui par la
porte. Personne ne l'a vu chez moi, mais il a laissé de la terre dans le couloir
de l'entrée. » - Jürgen, 27 ans,
porté disparu depuis juin 2012.


 
« Mon fils a disparu il y a trois
mois de ça. Au début je pensais à une fugue, et plus le temps passait, plus je
pensais que quelque chose n'allait pas. J'ai fouillé dans ses affaires et j'ai
trouvé ce cliché peu engageant sur sa clé USB. Comme je ne savais pas ce que
c'était, je l'ai montré à plusieurs personnes, mais personne n'a compris ce que
c'était jusqu'à il y a peu, c'était un soir où mon mari avait invité des amis à
manger, ils ont vu cette photo sur l'écran de mon ordinateur et ont commencé à
pâlir. Ils nous ont regardé comme des fantômes  et nous ont demandé qui avait
pris cette photo. Lorsqu'ils ont su que c'était mon fils, ils ont paru se
détendre et m'ont dit que si c'étaient nous qui avaient pris les « yeux de la
cave », ils seraient partis car ils auraient été en danger. Une de leur
connaissance a aussi vu ces yeux, et on ne l'a jamais retrouvé. Là, j'ai
paniqué, et le lendemain je me suis précipité au commissariat avec la photo en
espérant qu'on pourrait m'aider, mais je n'ai obtenu qu'un « on va faire de
notre mieux », sans qu'ils ne donnent jamais suite. Alors j'ai essayé de
rassembler des données sur cette chose, de trouver des gens qui avaient été de
près ou de loin mêlés à une histoire le concernant, et c'est comme ça que j'ai
compris que je n'obtiendrais aucune aide de la police, car elle avait abandonné
l'affaire depuis longtemps. » - Martha, 35 ans,
propos recueillis en janvier 2013. 


 
 « Il y a un mois, j'ai perdu un de mes amis. Jeff, qu'il s'appelait. On se
connaissait depuis qu'on était gamins. Il a été porté disparu, mais moi je pense
qu'il reviendra pas. Ça a été dur à avaler. Mais bon, au début, je le savais pas
non plus, c'est seulement qu'après, je l'ai cherché, je me disais qu'il en avait
eu marre et était parti faire une connerie, alors forcément j'ai essayé de le
retrouver. Faut dire qu'il allait pas trop bien, depuis quelques temps. Il me
disait souvent qu'il entendait des voix d'enfant qui lui murmuraient à
l'oreille. Je me suis inquiété, forcément. On est allé consulter un psychiatre,
mais ça n'a pas servi à grand-chose, après quelques séances il lui a prescrit
des pilules qui n'ont jamais eu d'effet. Le pauvre garçon dormait mal à cause de
ça.

Après, je me suis rappelé un soir où on
rentrait à pied d'une soirée arrosée, on est passé sous un tunnel à un moment,
il y faisait aussi noir que dans un cachot sans fenêtre, du coup après quelques
pas il a pris son portable pour faire un peu de lumière, et là on s'est tapé un
gros coup de flippe. Une petite silhouette s'est dessinée à quelques mètres de
nous, c'était un nabot dans un manteau noir bien trop grand pour lui qui s'est
barré en hurlant dés que la lumière a été tournée vers lui. Vu la voix, c'était
probablement qu'un mioche. Mais j'ai fait le lien avec ce qu'il entendait dans
sa tête, parce que ça a commencé pas longtemps après aussi. Moi... J'dis pas que
ça m'est pas arrivé d'entendre ce genre de chose, mais pas assez pour que j'y
fasse gaffe, lui c'était carrément tous les jours.
 


Une autre nuit, il est venu chez moi, l'air
hagard. J'ai pensé qu'il avait pris quelque chose qu'il fallait pas, mais il m'a
dit ce qui le mettait dans cet état, après le boulot il est allé chercher sa
voiture dans le parking sous-terrain de son entreprise et les plombs ont sauté.
Il était pas trop loin de sa voiture, alors il y est allé à tâtons, mais il a
entendu des bruits de pas rapides autour de lui alors il a essayé de faire de la
lumière avec ses phares, sauf qu'il a rien vu. Pourtant, il était sûr qu'il y
avait quelqu'un. C'est là qu'il a senti qu'on le fixait de dos, et il a entendu
une respiration sifflante. Il s'est encore retourné mais encore rien, alors il a
commencé à chercher partout, mais les voix ont recommencé dans sa tête, elles
lui disaient « Viens jouer avec moi, Jeff », c'en a été trop et il s'est enfui.
Sur le coup, j'ai pensé qu'il avait eu des hallucinations et c'est là qu'on a
décidé d'aller voir le psychiatre, c'était peut être simplement qu'il était
surmené, ça le rendait sensible à tout et n'importe quoi.
 


L'avant-veille de sa disparition, il m'a
appelé, terrorisé. Je ne comprenais pas grand-chose de ce qu'il disait, mais
j'avais clairement saisi que quelqu'un s'était introduit chez lui et qu'il ne
voulait plus rester seul. Quand je suis arrivé chez lui, il était recroquevillé
dans son canapé et n'arrêtait pas de marmonner dans sa barbe. J'ai essayé de lui
parler, mais il m'a regardé d'un air absent en me disant que le petit homme
allait venir pour lui. Je n'ai rien réussi à en tirer d'autre, alors je nous ai
fait à manger, j'ai allumé la télé et on a passé la nuit dans le salon. Le
lendemain matin, il avait l'air d'aller un peu mieux et m'a laissé rentrer chez
moi. C'était la dernière fois que je le voyais. Il m'a appelé le soir même, en
me disant d'une voix étrange que je serai le prochain, puis y a eu un bruit de
verre brisé, et après plus rien, il répondait plus à ce que je disais. Au bout
d'une minute, ça a raccroché. J'ai supposé qu'il avait trop bu et s'était
endormi, faisant tomber son verre, et j'ai laissé ça au lendemain. Mais quand on
est venu chez lui, il n'était pas là. Le téléphone était décroché dans le salon,
le combiné reposait à côté d'une bouteille cassée, et il y avait de la terre un
peu partout autour. » - Jonathan, 22 ans,
en asile depuis mai 2013 ; on suppose qu'il a aussi vu la
créature.
 



 
D'autres témoignages beaucoup plus
incomplets sont également en notre possession. En recoupant les éléments
récurrents, nous pouvons dire que le Knirps est une créature humanoïde de la
taille d'un enfant (certains pensent que c'en est un alors que d'autres
affirment que c'est une autre ruse) avec des yeux jaunes et toujours dans un
manteau noir qui semble trop long pour lui, qui apparaît exclusivement dans des
lieux souterrains. Il semble que l'on puisse toujours dénombrer trois
apparitions avant la disparition de quelqu'un et qu'il agisse toujours selon le
même mode opératoire : il se laisse découvrir au moyen d'une source de lumière
la première fois avant de s'enfuir, suit sa victime en demeurant invisible la
deuxième fois et fait semblant de l'attaquer en poussant des hurlements avant de
disparaître. À ce jour, la durée entre les enlèvements et la dernière apparition
de la créature n'a jamais excédé un mois. La créature semble être douée de
télépathie et communique avec ses victimes à partir du moment où elles l'ont vu.
On ne sait pas ce qu'elles deviennent. Par ailleurs, il ne semble pas avoir de
zone de prédilection, car il a frappé dans plusieurs pays à la fois. On peut
supposer qu'il y en a plusieurs, ou alors qu'il peut se rendre où il veut en un
temps très court. En tout cas, une chose est sûre : mieux vaut être prudent et
ne pas sortir seul lorsque l'on se rend sous la terre.